Et alors… la question n’est pas si simple !

Bonjour à tous, je reçois souvent des messages me questionnant sur ma position concernant la vraie fourrure, souvent de la part de personnes anti-fourrure, mais qui sont par bonheur généralement ouvertes à la discussion. Je me suis dit que cet article permettrait de préciser ma vision des choses.

Pourquoi ceux qui aiment la fourrure… aiment la fourrure ?

Il me semble utile de commencer par une précision, le FourrureClub réunit les amateurs de fourrure, tous les amateurs de fourrure, et de toutes sortes de fourrures. Avec ces années, j’ai rencontré toutes sortes de “profils” et deux grandes familles en ressortent :

  • Des personnes qui portent de la fourrure comme n’importe quel autre vêtement pour son côté pratique ou à la mode. Simplement ils aiment la fourrure parce que c’est doux au toucher et que ça tient chaud (je simplifie, mais c’est l’idée de base).
  • Des personnes qui aiment le contact de la fourrure sur leur peau, parce que ça leur procure des sensations agréables et sensuelles. Elles aiment aussi voir (et toucher) une personne qui porte de la fourrure.

On a donc, en gros, deux profils, pour généraliser : l’aspect mode d’un côté, et l’aspect sensuel de l’autre. Ces deux façons d’aimer la fourrure ne sont pas incompatibles, naturellement. Une nouvelle fois, je simplifie à l’extrême, loin de moi l’idée de mettre les gens dans des cases.

Et dans chacun de ces profils, il y a une infinité de façons d’apprécier la fourrure, que ce soit sous la forme d’accessoires de mode, de vêtements, d’accessoires de déco d’intérieur… les applications de la fourrure sont très nombreuses.

La vraie fourrure, c’est le mal ?

Les anti-fourrure répondront immédiatement que oui, la vraie fourrure, c’est le mal. En tant que pro-fourrure, ma position n’est pas celle là, et en même temps je tiens à y apporter une nuance. Je vois trois mondes différents en ce qui concerne la fourrure :

Le monde du luxe, tout y est rare et cher, il cible les personnes aux plus hauts revenus en proposant des fourrures de luxe (chinchilla, zibeline, vison, etc.) avec des coupes très recherchées, des teintes originales, et des techniques d’assemblage de très haut niveau. Clairement, ça n’est pas mon monde. J’attends de pouvoir me promener dans la nature avec une fourrure, me coucher dans l’herbe le soir pour regarder les étoiles, la fourrure de luxe n’a pas cette vocation. J’ai beau être pour la fourrure, la vraie, je suis totalement étranger à ce monde du luxe et je n’y retrouve aucune de mes valeurs écologiques ou humaines (trop d’élitisme, trop de superficialité…).

Le monde de la consommation de masse : s’appuyant sur les modes imposées par les défilés de haute couture et de prêt-à-porter, les marques que l’on trouve dans nos galeries commerciales s’attachent à suivre les modes en les rendant accessibles à tous. Elles permettent à tout un chacun de s’offrir la parka à capuche bordée de fourrure vue sur les épaules de telle star ou telle chanteuse en vue. Si un accessoire en fourrure est à la mode sur les podiums, ces marques feront le nécessaire pour que vous puissiez l’avoir, mais à moins cher. La plupart du temps ça se fera sur une économie de matière (fausse fourrure de qualité pitoyable, vraie fourrure produite dans des conditions terribles pour les animaux), sur une économie de coûts de production (je ne détaille pas les conditions de travail dans pas mal de pays), sur une économie de coûts dans le circuit de distribution (conditions de travail et salaires dans les boutiques). Ici encore, je ne m’y reconnais pas

Le monde de la débrouille : bienvenue dans les recycleries, vides-greniers, leboncoin, ebay et autres ! On est ici sur le marché de la deuxième main, voire troisième et plus, d’ailleurs. La vraie fourrure est un matériau incroyablement solide et durable, pour rappel, la fourrure c’est des poils sur du cuir. Et le cuir, c’est pratiquement increvable ! Certes, celui qui porte la fourrure est souvent mince, mais il peut tout de même être découpé et recousu à l’envi. Réparé, rafistolé, re-taillé, ajusté et customisé de toutes sortes de façons, c’est un matériau noble et infiniment écologique du fait des possibilités infinies de réutilisation.

 

Et c’est précisément là que j’aime la vraie fourrure ! Celle qu’on trouve sur ce marché de l’occasion est souvent très peu chère, elle s’inscrit dans une réelle démarche de valorisation de l’existant. Des animaux ont été exploités pour les créer, c’est certain, mais des années, voire des dizaines d’années après, ces fourrures sont encore là, et encore pleinement utilisables.

J’y ajoute une démarche humaine : du côté des vendeurs, il est toujours très bon de faire du vide, du tri, dans ses penderies, tout en gagnant quelques euros. Du côté des acheteurs, c’est fantastique de pouvoir faire de bonnes affaires, trouver LA fourrure qui va alimenter un futur projet de couture, celle qui ne plait plus à son actuel propriétaire, mais qui vous fait craquer, vous ! La somme des deux peut donner des rencontres formidables. J’ai ainsi des dizaines de témoignages de rencontres très sympa entre vendeurs et acheteurs de fourrures.

Et la souffrance animale, dans tout ça ?

De tout temps, l’humain a utilisé les animaux comme ressource (cuir, fourrure, viande, os, etc.). Seulement, le monde “moderne” est passé par là, et c’est là que ça a cafouillé… J’attire l’attention de chacun sur la nécessaire responsabilité que nous avons. C’est valable pour la fourrure, mais pas que. Un tshirt 100% coton à 2 €, un pull à 10 €, des chaussures à 15 €, de la viande de boeuf à 10 €/kg, etc, il faut bien comprendre que ça n’est pas normal d’avoir tout, tout le temps, pour pratiquement rien. Ça ne peut pas être un modèle sociétal d’avenir que de vouloir en permanence consommer au rabais.

Quand je vois dans les galeries commerciales des parkas dont on veut tirer le prix vers le bas en mettant à tout prix de la fourrure (pour pouvoir en vendre des tonnes), quitte à n’avoir aucune notion de ce que c’est comme animal (pratiquement aucune étiquette ne le précise), quitte à ne mettre que de fines bandelettes qui ne veulent plus rien dire, quitte à ne pas savoir d’où vient la fourrure… Là je demande où est l’éthique, où est le progrès humain.

Permettre à tout le monde de s’offrir un “luxe” à prix réduit ? Quitte à tuer des animaux pour en faire un profit maximum en produisant des vêtements franchement de la pire qualité ? Je ne parle même pas de la confusion vraie / fausse fourrure, entre les magasins qui mettent du vrai étiqueté “faux”, des photos sur les sites qui montrent du vrai et vendent du faux… le marché n’est pas clair !

Ma pensée est que oui, la fourrure est un produit qui n’est pas plus honteux que la consommation de poisson, l’abattage d’arbres, la transformation d’un porc en saucisses, l’utilisation du cuir pour faire un canapé, etc. Mais il est inacceptable que cette “tradition” humaine se fasse au détriment de l’éthique, de l’écologie, du respect de l’homme, de l’animal et de la nature, ceci au nom de la démocratisation et de l’accès à tous.

Alors on fait quoi ?

Soyons clairs, mon message n’est pas non plus de dire “la fourrure doit rester rare, donc un produit cher, donc un produit de luxe réservé aux riches“… j’en appelle juste à un peu de conscience de chacun. Je sais, la tâche est rude. Voilà pourquoi je prône la récup, la réutilisation, le “do it yourself”, l’échange, le don, le troc, l’occasion. J’en appelle à une consommation plus logique, plus responsable et plus consciente.

Chacun peut aussi se former à mieux connaitre la fourrure, pour mieux acheter, mieux vendre, c’est notamment pour cette raison que j’ai créé des guides sur la fourrure pour aider chacun à identifier une fourrure, en estimer le juste prix, la revendre correctement… Et d’autres vont être prochainement ajoutés, sur la base des questions qu’on me pose le plus souvent.

Là dessus, le sujet reste ouvert à discussion, chacun a sa façon d’apprécier la fourrure, chacun a ses fourrures de prédilection, qu’elles soient vraies ou fausses. Mon message est qu’il est possible ET d’apprécier la fourrure ET d’essayer de s’inscrire au maximum possible dans une démarche éco-responsable, et je reste à ce sujet en veille constante sur le sujet pour essayer de faire évoluer mes habitudes, je reste donc ouvert à toute remarque, suggestion, conseil…

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